L'Olympe des infortunes / Yasmina Khadra. - Paris : Julliard, 2010. - 232 p.
ISBN 978-2-260-01822-3
Coincée entre une décharge publique et la mer, l'Olympe des infortunes est un terrain vague peuplé de vagabonds et de laissés-pour-compte qui ont choisi de tourner le dos à la société. Entre ces personnages qui se veulent libres de toute attache, naît cependant une affection souvent plus profonde qu'il n'y paraît. Présentation de l'éditeur
Après sa trilogie politique autour des conflits du Moyen-Orient (Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat, Les Sirènes de Bagdad), après un grand roman d’amour (Ce que le jour doit à la nuit), Yasmina Khadra, qui ne craint pas les changements de registre, met toute sa verve romanesque au service d’une fable corrosive qui nous plonge dans l'univers des clochards, plein de tendresse, de cocasserie, de rêves invraisemblables et de terribles déconvenues. Coincée entre une décharge publique et la mer, hors du temps et de toute géographie, l'Olympe des Infortunes est un terrain vague peuplé de vagabonds et de laissés-pour-compte ayant choisi de tourner le dos à la société. Là vivent Ach le Borgne, Junior le Simplet, Mama la Fantomatique, le Pacha, sa cour de soûlards et bien d'autres personnages aussi obscurs qu'attachants. C'est un pays de mirages et de grande solitude où toutes les hontes sont bues comme sont tus les secrets les plus terribles. Ach le Borgne, aussi appelé « le Musicien » parce qu’il sait, en quelques accords de banjo, faire chanter la lune, a pris sous son aile un jeune et naïf va-nu-pieds qui lui voue une admiration sans limites. Auprès de Ach, Junior s’initie à la philosophie des Horr. Le Horr est un clochard volontaire qui a pris le parti de vivre en marge de la ville en rejetant toutes ses valeurs : argent, travail, famille. Refusant jusqu’à la mendicité, le Horr se croit libre de toute attache. Mais lorsqu’une affection, souvent plus profonde qu’il n’y paraît, vient à naître entre les membres de cette communauté d’ivrognes et de bras-cassés, tout détachement s’avère alors bien illusoire. Immoraux, pourrissant dans leur déchéance, les personnages de ce récit n’en sont pas moins sublimes. À travers cette galerie de portraits bigarrés, se dégage une dimension symbolique où l’esprit de solidarité, le sens du compagnonnage qui règnent chez les Horr contrastent avec la violence et l’individualisme de la société moderne. Il fallait tout le talent de conteur de Khadra, et la splendeur imagée de sa langue, pour transformer le prosaïsme rebutant de l’univers des clochards en un monde hautement poétique, où l’onirisme surgit derrière les détritus. On l’aura compris, L’Olympe des infortunes est une métaphore qui dénonce avec force la décadence de notre civilisation. Yasmina Khadra se pose en moraliste de notre temps et le constat qu’il livre n’est pas flatteur : les âmes perdues ne sont pas celles que l’on croit. Et l’enfer, lui, n’est jamais où on l’attend.
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