Aral de Cécile Ladjali
Aral, roman / Cécile Ladjali. - Arles : Actes sud, 2011. - 251 p.. - (Domaine français)
ISBN 978-2-330-00228-2
Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d'Aral asséchée. Autarcique, leur amour s'est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l'eau polluée du village, la surdité d'Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s'installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable. S'inspirant, dans ses compositions, de ses « trois fiancées » (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l'« éternelle présence ». Récit de l'enfance sauvage, d'une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l'invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté.
Présentation de l'éditeur
En 1960 au Kazakhstan, la mer d’Aral commence à disparaître et laisse place au désert qui confronte la population à une catastrophe écologique sans précédent. Au loin, sur l’île de Vozrozhdeniya, les usines russes fabriquent des armes bactériologiques qui polluent l’eau, engendrent malformations et épidémies dans la petite ville kazakhe. Alexeï, un jeune violoncelliste de cette région désolée, sombre dans la surdité à mesure que son pays devient de sable. Confronté au silence et à la disparition qui envahissent sa conscience et son paysage, Alexeï devra construire malgré tout sa vie familiale, amoureuse et artistique. Mais ses errances ne parlent que des grandes disparues de sa vie, dont les absences se font écho, ses trois fiancées : sa femme, sa musique, sa mer. Convoquant le souvenir de la musique et de sa jeune femme Zena qui vient de le quitter, il tente de ne pas devenir fou au sein de ce décor brûlant. La survie s’organise alors à travers la création et l’affection qu’il se découvre pour une jeune fille malade, Nulufar, qu’il va aimer comme sa propre fille. Cette relation inattendue l’oblige à interroger ses propres origines aussi floues que le paysage, puisque Alexeï est un enfant adopté. Aussi, solitude et déréliction le conduiront-elles un temps à se fourvoyer dans ses amitiés et ses choix artistiques. Car dans cet univers devenu atone, c’est tout le sens de la vie et de l’art qu’il faut réinventer pour retrouver l’autre ainsi que le juste chemin qui mène à soi. De ce monde en cale sèche, en attente de guérison, de réparations, Cécile Ladjali tire un roman qui pose la question de la création et de sa magie profonde. Le décor tragique mais somptueux de la mer qui s’évanouit petit à petit du champ de vision du héros, oblige à scruter l’invisible et l’intériorité des cœurs. Roman de l’intimité, Aral est aussi un roman d’amour dédié à la musique et aux mystères des origines, savant mélange d’excès et de peur, de beauté dans la finitude latente.
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