La gauche à l'épreuve, 1968-2011 / Jean-Pierre Le Goff. - Paris : Perrin, 2011. - 288 p. : couv. ill. en coul.. - (Tempus ; 404)
ISBN 978-2-262-03335-4
De la révolution matricielle de mai 1968 jusqu'aux controverses actuelles et à l'« affaire DSK », Jean-Pierre Le Goff dissèque la décomposition d'une gauche qui masque son impuissance par un discours incantatoire, écartelé entre modernisme « tendance » et surmoi radical issu de son vieux complexe envers son aile révolutionnaire. Sa « langue caoutchouc » aggrave la fracture avec un peuple de plus en plus déboussolé face à la « barbarie douce » d'une mondialisation qui s'impose d'autant plus qu'il n'y a plus de grand projet à lui opposer. Cette décomposition s'inscrit dans des évolutions de la société française qui ont mis à mal les anciennes figures de l'engagement politique. Refusant la fatalité, l'auteur en appelle à un retour de la politique... avant qu'il ne soit trop tard.
Bibliogr. p. 287-288
Présentation de l'éditeur
« Ce livre traite des évolutions de la gauche française et des bouleversements sociaux et culturels qu’a connus la société depuis plus d’un quart de siècle. Il ne prétend pas à l’expertise et encore moins à l’audit, mais aborde frontalement des changements problématiques trop longtemps sous-estimés ou déniés ». Dans la première partie : « La gauche n’est plus ce qu’elle était », Jean-Pierre Le Goff passe au crible la décomposition de l’ancienne doctrine de la gauche et ses substituts. Gauchisme recomposé, référence à un mouvement social hétéroclite, néo-management, écologisme, gauche morale et dénonciatrice, modernisme culturel et branché… se sont affirmés, dans le même temps où des socialistes français tentaient d’opérer une difficile réconciliation avec le libéralisme. Trente ans après sa victoire de 1981, la gauche n’est pas parvenue à reconstruire un nouveau cadre cohérent de pensée et d’action.
Dans la seconde partie, l’auteur s’attache à montrer que cette décomposition s’inscrit dans des évolutions de la société française qui ont mis à mal les anciennes figures de l’engagement politique. De la « civilisation des loisirs » à « mai 68 », de la fin des Trente Glorieuses aux années 2000, c’est une nouvelle figure de l’individu qui a fini par s’affirmer pour qui le rejet des embrigadements passés s’est accompagné d’une morale des bons sentiments et d’un narcissisme prononcé. Les bouleversements opérés dans la famille et l’éducation alliés au chômage de masse ont produit des effets de déstructuration et de désaffiliation, entraînant un « nouveau fossé des générations », à bien des égards plus problématique que celui des années 1960. La combinaison d’une crise économique, sociale et d’un nouvel « état des moeurs » met en question « l’estime de soi » sur le plan individuel et collectif, entraînant une spirale dépressive. L’exigence d’une nouvelle reconstruction, sociale, politique et culturelle est d’autant plus présente que nous sommes arrivés à une phase d’épuisement des idéologies passées et de la révolution culturelle post-soixante-huitarde.
Politique; parti socialiste; parti communiste